(AFP09/10/2002 - 18:54)

La Commission européenne a donné mercredi son feu vert à l'entrée de 10 nouveaux pays dans l'UE qui, malgré les obstacles considérables qui restent à surmonter, devrait compter 25 membres en 2004 après le plus important de l'histoire de la construction européenne. L'entrée de la Pologne, de la République tchèque, de la Hongrie, de la Lituanie, de la Lettonie, de l'Estonie, de la Slovaquie, de la Slovénie, de Malte et de Chypre doit tourner définitivement la page de l'après-guerre. Elle doit redessiner, treize ans après la chute du mur de Berlin, la carte d'un continent enfin unifié. "l y a 13 ans encore, Berlin était divisé par le mur de la honte. Le mur est tombé, l'Allemagne a été réunifiée. Nous avons reconquis la liberté, nous avons retrouvé une unité historique entre tous les peuples d'Europe", a déclaré avec lyrisme le président de la Commission européenne Romano Prodi devant le Parlement européen. Dans un rapport très attendu sur l'élargissement, la Commission a en revanche choisi l'attentisme pour la Turquie en ne proposant pas de date pour l'ouverture de négociations d'adhésion malgré les appels répétés d'Ankara dans ce sens. Le vice-Premier ministre turc Mesut Yilmaz a immédiatement fait part de son mécontentement, assurant que le rapport de Bruxelles était "loin de répondre aux attentes" de son pays. La Commission a également opté pour la prudence en ce qui concerne la Roumanie et la Bulgarie, se contentant de prendre "note" de leur souhait d'intégrer l'Union en 2007. La balle est maintenant dans le camp des quinze Etats membres de l'Union qui vont devoir se prononcer sur les propositions de la Commission. Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, les 24 et 25 octobre à Bruxelles, devra arrêter les positions de négociations pour régler les très délicates questions financières et budgétaires encore en suspens avec les futurs pays membres. L'objectif est de conclure les négociations d'adhésion pour le sommet européen de Copenhague, les 12 et 13 décembre. Pour la Commission, il est possible de signer le traité d'adhésion des nouveaux élus au printemps de 2003. Ce traité devra ensuite être ratifié par les Quinze et les futurs pays membres, à temps pour que 25 pays participent aux élections du Parlement européen, en juin 2004. Mais ce calendrier est encore soumis à de nombreuses incertitudes, la principale émanant du référendum le 19 octobre en rlande sur le traité de Nice, qui prévoit les aménagements institutionnels indispensables à l'Europe élargie. Les rlandais ont déjà refusé le traité l'année dernière et la Commission assure qu'il n'y pas de plan de rechange en cas de nouveau rejet, qui ouvrirait donc une crise majeure. Si le processus d'élargissement vient à bout des obstacles, les frontières extérieures de l'Union longeront en 2004 l'Ukraine et la Russie. Avec 455 millions d'habitants, contre 380 millions aujourd'hui, l'UE devrait constituer le troisième ensemble de population du monde, après la Chine et l'nde. Mais le défi économique est impressionnant: la richesse cumulée des dix futurs membres ne représente que 4,6% de celle de l'UE actuelle. Ce formidable "big bang" vers l'est de l'Union constitue un pari d'autant plus risqué que la Commission pointe chez les 10 de nombreuses carences en matière de lutte contre la corruption, d'environnement ou de respect des minorités. Le commissaire européen à l'Elargissement, Guenter Verheugen, s'est inquiété du "scepticisme" des opinions publiques de l'UE actuelle et a demandé aux gouvernements des Quinze de déployer un vaste effort d'information. "Maintenant, a-t-il dit, notre tâche est de faire en sorte que les citoyens de l'Europe comprennent et approuvent ce projet, le veulent". M. Verheugen a aussi insisté sur l'introduction de clauses de sauvegarde spécifiques qui permettront de surveiller de très près les nouveaux venus. "Nous ne pouvons pas savoir exactement quelles sont les difficultés d'adaptation qui pourraient surgir au cours des deux premières années" après l'adhésion, vu la taille inédite de l'élargissement à venir, a-t-il reconnu. (AFP 09102002 - 18:54)